Les demandeurs d’asile ont le droit aux services de garde subventionné.
En tant que directrice du Centre communautaire Val-Martin, qui compte, parmi ses nombreux services, trois groupes de halte-garderie communautaire, je tiens à exprimer toute ma gratitude et ma satisfaction concernant la récente décision de la Cour d’appel du Québec. Dans une décision unanime, la Cour d’appel a servi une pique au gouvernement du Québec en confirmant que son règlement, qui prive les demandeurs d’asile de services de garde subventionnés, est discriminatoire envers les femmes et contrevient, de ce fait, à l’article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés. Cette décision représente un véritable soulagement pour notre établissement et pour les familles demandeuses d’asile ou à statuts précaires que nous accueillons.
Avant cette décision, notre halte-garderie était bien souvent le seul lieu de refuge pour ces familles vulnérables. Face à des politiques restrictives et à des barrières administratives, les familles demandeuses d’asile se retrouvaient souvent exclues des autres services de garde réguliers. Cela plaçait sur nos épaules une responsabilité écrasante, mais nous étions déterminés à remplir notre mission de soutien et d’accueil.
Nos éducatrices, TES et intervenantes ont travaillé sans relâche pour offrir un environnement sûr, chaleureux et stimulant à ces enfants, malgré les défis logistiques et financiers auxquels nous étions confrontés. Nous avons vu ces familles arriver dans nos locaux, souvent épuisées et vulnérables, mais nous avons également été témoins de leur résilience et de leur détermination à bâtir une nouvelle vie dans notre pays.
La décision de la Cour d’appel du Québec représente bien plus qu’une simple reconnaissance légale. Elle symbolise un pas vers une société plus inclusive et solidaire, où les droits fondamentaux de chaque individu sont respectés, quel que soit son statut administratif. Cette décision élargit l’accès aux services essentiels de garde d’enfants pour les familles demandeuses d’asile, brisant ainsi les barrières qui les maintenaient souvent dans l’isolement et la précarité, particulièrement les femmes.
En tant que halte-garderie communautaire, nous sommes fiers de jouer un rôle essentiel dans cette lutte pour la justice et l’égalité. Nous sommes déterminés à continuer à soutenir ces familles dans leur parcours d’intégration et de reconstruction, en leur offrant un environnement sûr et bienveillant où leurs enfants peuvent s’épanouir et grandir. Un plus grand nombre d’enfants bénéficiera enfin de la possibilité de socialiser et d’accéder à des services éducatifs et de dépistages cruciaux dès leur plus jeune âge.
Cette décision de la Cour d’appel est une petite victoire de solidarité. Elle nous rappelle l’importance de rester solidaires et engagés dans la défense des droits de tous les membres de notre communauté, quel que soit leur origine ou leur statut. Nous sommes reconnaissants envers la Cour d’appel pour avoir rendu cette décision courageuse et juste. Depuis plus de 32 ans, nous sommes implantés dans le quartier de Chomedey et nous continuerons à œuvrer pour un avenir où chaque enfant, chaque famille ait la chance de s’épanouir dans un environnement sûr et accueillant.
Noémie Barolet, directrice du Centre communautaire Val-Martin